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Travaux

Construction

Ma première création en peinture ; elle est déjà riche des travaux qui vont suivre ; elle est un appel à se nourrir pour grandir, se (re) construire après des petites épreuves de la vie, et prendre de la consistance, et fièrement se poster face à l’avenir.

Trouver un équilibre parfait entre les éléments terrestres, cet ancrage dans l’expérience et dans le réel et les éléments spirituels qui donnent du sens.

Tête

Partir d’un matériau, la toile de jute, et construire autour.

Rajouter un moulage du cou, y associer la tête, et voir à l’intérieur.

Oui, voir à l’intérieur ce qui se trame !

Pénélope

A la manière de Pénélope qui tisse et détisse sa toile en attendant le retour de l’être aimé, je tricote ma laine et la détricote puis je prolonge le geste sur le papier en jetant ces laines imbibées de brou de noix ou d’huile de lin en forme de drippings.

Ces différents moments imprégnés sur du papier, je les assemble pour en faire un ensemble graphiquement équilibré.

Et « ça sent » !

Nos cœurs battent ensemble ma fille

L’aquarelle, image en mouvement de nos cœurs.

C’est l’investissement de tout le corps au rythme des battements conjoints du cœur de la mère et de la fille à venir.

Culture de lait – série
Lait au tube
Lait à la plume

Se laisser surprendre par le hasard et le réintégrer dans son travail : le lait sécha et je me mis à le couvrir d’une peinture dorée qui tourna au vert.

Le lait sécha mais il continue à vivre et change de couleurs.

Je me souviens – Wakouwa

Reprendre le motif de Construction, la peinture en aplat du départ, et traduire le mouvement par le motif du Wakouwa, ce jouet en bois qui se désarticule par la magie d’un bouton poussoir.

Ça prend aux tripes

Composition techniques mixtes : velours, fil de fer, tarlatane, laine.

Notre intestin, tout en plis, est si vaste qu’il est l’organe sensoriel le plus étendu du corps. C’est notre deuxième cerveau qui joue un rôle important dans notre comportement, nos émotions, notre mémoire.

J’utilise le velours pour figurer les villosités de la muqueuse intestinale, la tarlatane pour les muscles intestinaux, la laine pour les nerfs entériques.

Ils communiquent avec le cerveau par le nerf vague et touchent au moins 6 zones que sont l’hippocampe, le cortex cingulaire antérieur, le cortex préfrontal, les amygdales, l’insula, le système limbique.

Babel intérieure ou les langages du corps (maquette)

Composition techniques mixtes : fils, papier cristal, tige métallique.

Cette pièce figure notre Babel intérieure où les relations entre le système nerveux central du cerveau et le système entérique, le « deuxième cerveau », sont organisées par les mouvements ascendants et descendants des systèmes sympathiques et parasympathiques.

Les langages du corps sont ceux des molécules dites « de l’information » (majoritairement des peptides) qui orchestrent les trois grands systèmes régulateurs de notre corps : les systèmes nerveux, endocrinien et immunitaire (cf. Dr. Candace Pert).

Ces fameuses molécules de l’information seraient exactement les molécules qui sont produites lorsque nous avons des émotions : au sein du cerveau, seulement 2 % environ de la communication passe par les synapses et 98 % par les peptides, les molécules des émotions.

Babel intérieure – déformation

Carré conté sur papier à patron.

Ça donne du vague à l’âme

Bistre sur papier canson ; calque.

Les métaphores traduisent le fait que nous pensons avec notre corps vécu, et nous en formons des concepts, nous conceptualisons du non-physique à partir du physique (cf. théories de la cognition incarnée de Lakoff et Johnson) .

Le nerf vague est le nerf crânien dont le territoire est le plus étendu. C’est un nerf mixte qui convoie des informations motrices, sensitives, sensorielles et surtout végétatives parasympathiques. Sa stimulation permet de guérir les dépressions sévères, les épilepsies, les inflammations.

J’ai capturé le champ sémantique de la métaphore « vague à l’âme », et le rapport de proximité entre les mots. Je l’ai représenté sous forme de tableau en traduisant la proximité par la densité des points.
J’ai utilisé le poncif, technique ancienne des brodeuses pour préparer leur graphisme, à la façon d’un pochoir.

Le geste régulier, répétitif des métiers d’art, qui perçaient le poncif dans le calque, ce geste devient automatique et permet une liberté, une surprise, un détournement.

Le geste de la main, le travail de la matière est une pensée interactive : nous pensons plus vite avec nos mains et notre cerveau devient incarné.

J’ai ensuite « déformé » mon tableau sans en modifier les rapports.

Vistule

Huit panneaux de tarlatane, calque, laines bleues et réglettes métalliques amovibles sur cadre en bois suspendu figurant huit limites de la ville de Varsovie : 1825, 1913, 1930, 1939-1945, 1957, 1977, 1992 et 2019, traversée par la Vistule.

Figurer le passage du temps à travers le cours d’un fleuve, la Vistule, et l’extension de l’espace qu’occupe Varsovie au cours des nombreuses vicissitudes de son histoire agitée.

La Vistule s’inscrit comme une empreinte permanente, pérenne, dans le paysage torturé de la ville : les limites de Varsovie s’agrandissent au fil des décennies et englobent ainsi un segment plus large de la Vistule ; je les figure par des nuances de bleu différentes.

Les motifs du présent coïncident avec ceux d’autrefois : je joue avec la transparence de la tarlatane et du calque pour faire apparaitre les « motifs du tapis magique » (Nabokov) de la Varsovie d’autrefois : 1825, 1913, 1930, 1939-1945, 1957, 1977, 1992, aujourd’hui.

Cendres

Peinture acrylique, mortier pierre ponce, Powertex, brou de noix, colle, compresses brûlées.

Parmi les images fortes de la ville de Varsovie, celle de sa dernière insurrection et de sa destruction, en 1944 : tâches noires et blanches parsèment la surface de la ville que traverse librement la Vistule : cendres, terre et glace.

Palintrope Varsovie

 61 panneaux de tarlatane composés de papier calque cousu de fils à broder écru surmontés de fil de fer doré figurant les voies Varsovie, suspendus à un support en bois figurant les différentes limites de la ville de Varsovie depuis le 19ème siècle.

Combien d’exilés de Varsovie ont baptisé les rues de leur nouvelle ville du nom de celle qu’ils ont quittée ? En France, j’en répertorie alors 66 et j’utilise la carte pour figurer les limites des communes et des voies (rue, impasse, avenue, boulevard, chemin ou place de Varsovie).

En les parcourant, ils habitent un temps la Varsovie (imaginée) de Pologne, celle qu’ils ont emportée, qui n’existe nulle part ailleurs que dans leur souvenir mais qu’ils réactivent par la marche, nostalgique.

Par cette figuration des rues de Varsovie de France, l’espace de la ville de Varsovie se disperse en autant de fragments, vivants, et en condense le temps.

Et je peux dire, avec André Aciman : « La vraie nostalgie ne désire pas un lieu [la Varsovie perdue ndlr], mais le récit de cette nostalgie. La vraie nostalgie n’a pas de point d’origine ; elle se disperse dans la circulation palintropique entre plusieurs points ».